La météo prévue pour la fin de semaine était plutôt favorable et j’avais planifié une sortie avec deux nouveaux équipiers autour de la trentaine qui avaient navigué récemment. Puis les prévisions se sont dégradées jusqu’à prévoir pour samedi 25 à 35 nœuds de vent du sud/sud est. J’ai quand même maintenu le rdv en prévoyant de rentrer si c’était trop dur.

Donc sdi matin, Lulu et Toto, comme ils s’appellent mutuellement, m’ont rejoint et on est partis, en prenant la houle dès le chenal, orienté plein sud-est. J’avais la boule au ventre mais le comportement de mon équipage me rassurait. On a quitté le ponton sans problème, le vent nous en écartant comme il convenait. J’avais préparé à l’avance l’étai largable sur lequel l’équipage a fixé la trinquette et on a pris d’emblée trois ris. On avait bien les 25 nœuds et plus annoncés ainsi qu’une houle courte de 1m ou plus. On a hissé sans problème, malgré le gag de la drisse qui se prend dans la barre de flèche, mais qui se désembrouille en s’écartant du vent. Cependant, je n’étais pas au top et je n’ai pas vérifié que les aussières et tous les pare-battage avaient été enlevés. On a ainsi vu plus tard le pare-battage qui fait aussi fonction de marche et que j’avais attaché au rail de fargue se faire la malle…comme quoi même de bons nœuds ne tiennent pas…autour d’acier. Par bonheur, je n’ai pas perdu d’aussière.

Le bateau marchait bien, à 5/6 nœuds au près à 30 degrés du vent apparent ; cependant, la trace nous révèle qu’en fait on tirait des bords à 60°. La vitesse relative par rapport au vent réel peut justifier 10 degrés au maximum, l’essentiel de la différence vient sans-doute de la dérive renforcée par la houle sur babord. A l’intérieur, c’était rock’n roll, je ne suis descendu qu’une ou deux fois pour remplir le livre de bord et marquer le point sur la carte, mais j’étais très proche du mal de mer, je n’ai pas déjeuné.

On s’est pris des paquets d’eau et il y avait plein d’eau sur le plancher du carré et dans les fonds, qui avec la gite pouvait toucher des connexions électriques. J’ai essayé d’utiliser la pompe de cale, mais basta. Lulu a épongé puis Toto s’est mis à la pompe manuelle qui a bien fonctionné.

Lulu n’était pas bien non plus, il s’est fait un sandwich. Après le deuxième bord, un peu passifs, on a tiré un long bord qui nous a conduit plus à l’ouest que désiré, jusqu’à la bouée sud Quiberon. On a donc décidé d’aller vers l’abri le plus proche, HOUAT, nous protégeant du sud, sachant que les dernières prévisions n’indiquaient plus une bascule du vent à l’Ouest. A un moment, on a enregistré 9,9 nœuds sur le fond.

On a tiré six bords pour se rapprocher de l’ile, en lâchant un ris quand le vent a semblé se stabiliser à 20 nœuds avec rafales à 30. En larguant le ris, j’ai sans-doute fait l’erreur de border la grand-voile avant que la bosse de ris le soit, du coup la bôme était trop basse et au premier virement de bord elle a déchiré la capote de descente sur 1,60 m. Je l’apporterai mardi à Sonia à Locmiquelic qui pourra sans-doute la recoudre. Personne au port, capitainerie (la mairie) muette, visiblement pas de place pour nous ; on a donc pris un coffre dans l’avant-port vers 17h30. La mer à ce mouillage était bien plus calme, avec cependant un clapot qui me gênera pour dormir, on s’est posé, on a rentré la trinquette car la météo pour le lendemain ne la justifiait plus, on a diné, et là c’est la cata, un des équipiers a fait « exploser » les WC. Je suppose que la vanne de vidange était restée fermée. Toujours est-il que le malheureux a écopé la cuvette pleine et tout nettoyé. Après j’ai ré essayé mais la vidange était bien bloquée et repomper ne faisait que ramener de l’eau qui ne pouvait s’évacuer. Le pauvre a du se payer un deuxième écopage. Une fois rentré, j’ai regardé sur internet et je pense pouvoir réparer moi-même quitte à changer la pompe.

Le lendemain, on s’est levé à 8H, le vent était bien tombé. J’ai démonté le filtre de la pompe de cale, l’ai nettoyé, mais ça ne marche pas mieux, il ne semble pas qu’elle soit désamorcée, je regarderai mieux plus tard mais je suis en rogne car j’avais fait faire la révision il y a un moins d’un an et le même technicien avait re vérifié en janvier dernier. C’est décourageant. Toto a revidé les fonds à la pompe manuelle. Tout ça m’a mis d’humeur sombre et je me reposais la question de garder ma « danseuse ».

Mais ce dimanche le temps était doux, la mer « belle », le vent autour de 12 noeuds nous permettait de rester au portant, nuages très haut, pas la pluie annoncée et on a battu des records de vitesse jusqu’à 8 nœuds, en ligne directe jusqu’à La Trinité. C’était réconfortant, pas suffisamment pour me remonter le moral. On a expérimenté le vent arrière, malgré toute la science du réglage de Lulu, çà ne marchait pas mieux que lors de mes essais antérieurs. A ma demande on a testé le portant sous génois seul, et ça marche pas mal, on a remonté ainsi presque tout le chenal. Puis j’ai totalement merdé l’accostage, ayant viré trop tard et après c’est hyper galère avec la marche arrière qui ne fait pas reculer droit et l’espace limité à 12 ou 13 m entre les deux rangées de bateau. J’ai encore abîmé la coque qui n’a plus du tout la belle allure de sortie de chantier et râpé la planche de descente d’un autre bateau, que je n’ai pas pu identifier. En fait, plutôt que de faire marche arrière, j’aurais dû mettre au point mort, attendre que le vent m’écarte de la rangée de bateaux et aller faire demi-tour plus loin, ce qu’on a fait in fine mais rien que ça, ce n’est pas simple. En écrivant, je réalise qu’il fallait faire demi-tour dans le sens des aiguilles d’une montre, la marche arrière m’aidant alors plutôt que de contrarier le mouvement dans l’autre sens. (Dure) leçon à retenir. Bon, rentré, après un bain chaud et avoir vu que je pourrais limiter le coût des réparations en acceptant de bricoler, je vais mieux. D’autant que mes deux compères m’ont dit leur plaisir de cette sortie. Il y a un peu un côté, « ça fait du bien quand on arrête les coups de marteau sur la tête », mais je ressens combien la mer m’apporte.